L’homophobie politique, la campagne anti-genre et la conjugalité de même sexe en Roumanie, entre ruptures et continuités
Mme Anca DOHOTARIU Faculté de sciences politiques - Université de Bucharest | BUCAREST - Roumanie
Résumé : A partir des années 1990, dans plusieurs pays de l’Europe on observe la diffusion des « campagnes anti-genre », c’est-à-dire des mobilisations contre la « théorie du genre » et l’égalité de sexe. En dépit des spécificités nationales en termes de débats politiques et de rôle des religions, ces mobilisations partagent un même discours et des modes d’action et des stratégies similaires (Paternotte et al. 2017). De même, au-delà de la question religieuse et des implications populistes, l’émergence de différentes formes d’« homophobie politique » (Weiss et Bosia 2013) joue également un rôle très important. Qu’en est-elle en Roumanie ? Une des expressions majeures de la « campagne anti-genre » en Roumanie a été le Référendum de 2018 pour le changement de la Constitution, de sorte que le mariage soit explicitement réduit à l’union d’un homme et d’une femme. Même si, finalement, cette démarche n’a pas abouti, plusieurs types de propositions de loi sont particulièrement éloquentes pour l’analyse des arguments homophobes véhiculés par les acteurs politiques autochtones non seulement pour légitimer le rejet de toute réglementation des relations de même sexe, mais aussi pour rejeter tout débat épistémologique autour du genre. Cette communication se penche sur différents de propositions législatives et sur les débats politiques afférents afin de mieux comprendre non seulement les spécificités autochtones autour de l’homophobie politique, mais aussi les éléments qui y sont importés.