Au risque de sa vie : les trajectoires de malades du cancer entre les Comores, Mayotte et La Réunion
Mme Ibtissem BEN DRIDI
EHESP (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique) - ARENES (UMR 6051) | RENNES - France
(avec : Anne VEGA et Norbert AMSELLEM)
Résumé : Dans le cadre du volet Outre-mer du projet CORSAC (« Renforcer l’empowerment des patients démunis face au cancer » - financement INCa), il s’agira de réinscrire les témoignages de malades ayant survécu à des errances thérapeutiques et des traversées clandestines en mer, dans des espaces politico-sanitaires complexes, marqués par des « fractures (post)coloniales » (Blanchard, 2007 ; Sakoyan, 2010 ; Hoyez, 2011). À Mayotte, département français le plus pauvre de France, au moins 70% des patients viennent de l’Union des Comores, qui figure parmi les pays les plus pauvres au monde. La plupart arrivent trop tardivement et risquent d’être renvoyés par la police aux frontières y compris lorsqu’ils ont débuté leur traitement. En raison notamment de l’absence de radiothérapie, certains patients sont « évasanés » (terme désignant l’évacuation sanitaire) jusqu’à la Réunion où d’autres difficultés - économiques, socio-culturelles, politiques - se dessinent. En lien notamment avec les travaux de D. Fassin (2000, 2009) et J-S. Eideliman (2012), cette communication visera à mieux appréhender les effets différentiels des statuts sociaux ainsi que les effets des normes culturelles sur les prises en charge sanitaires. Nous questionnerons les possibilités d’une autonomisation des systèmes de santé locaux et nous nous demanderons si les formes de subjectivités et de « bio-légitimité » de la santé publique ne vont pas à l’encontre des problèmes structurels propres aux territoires étudiés.