La Ville thérapeutique : une gestion « sensible » des désordres urbains
Mme Sophie MAROIS Université Laval, Département de sociologie | QUÉBEC - Canada
Résumé : Cette communication s’inscrit dans un projet de sociologie politique de la justice qui vise à retracer le processus d’émergence et de prolifération des tribunaux adaptés au Québec. À travers l’étude de cas de l’implantation d’un tribunal à caractère communautaire à Québec (le projet IMPAC), je m’intéresse à comment l’action morale des agent·e·s de la Ville contribue à avancer, à légitimer et à récuser certaines manières d’administrer la justice. Les tribunaux adaptés se spécialisent dans le traitement judiciaire des désordres sociaux ordinaires, dont les infractions aux règlements municipaux et les délits de gravité moindre. Dans la mesure où ils visent à accompagner des populations dites problématiques, ces dispositifs participent de formes de gestion, de supervision et de contrôle des vulnérabilités contemporaines. À l’occasion de cette communication, je me propose d’explorer comment IMPAC s’inscrit dans une trame de sécurisation urbaine et de revitalisation du centre-ville de la Vieille capitale. Ce que j’appelle la « Ville thérapeutique » se présente comme un certain type de gouvernance municipale qui caractérise l’action publique de l’administration municipale dans le domaine de la sécurité urbaine. Ce type de gouvernance municipale promeut une posture compassionnelle et tolérante à l’égard des « désordres » urbains et se revendique d’« un changement de culture » au sein de son service de police de manière à gérer « la diversité » dans des quartiers centraux en pleine gentrification.