Un bénévolat immoral ? Sens et valeur de l’engagement des bénévoles exilé·e·s
Mme Hélène BERTHELEU
Université François-Rabelais | TOURS - France
(avec : Anna PERRAUDIN)
Résumé : Dans la littérature sur les associations et le bénévolat, la dimension morale est souvent centrale. Les bénévoles partagent des valeurs qui les amènent à s’engager pour une même cause. Ce sont souvent, en France, des personnes retraitées. Or depuis quelques années, le milieu associatif est bouleversé par l’arrivée d’un public exilé, parmi ses bénéficiaires mais aussi parmi ses bénévoles. Ces dernier.e.s, arrivé.e.s très récemment en France, se distinguent des autres bénévoles à deux égards : leurs grandes vulnérabilités sociales ; l’interdiction d’avoir un emploi rémunéré, du fait de leur statut juridique (demandeurs d’asile, personnes en situation irrégulière), ou de discriminations directes ou indirectes (réfugié.e.s). Quel sens a alors le bénévolat pour eux ? Comblant le vide laissé par l’interdiction de travailler, ne s’apparente-t-il pas à du travail gratuit ? Nous faisons l’hypothèse que les valeurs morales volontiers mises en avant par des bénévoles « classiques » se conjuguent ici avec d’autres motifs, comme l’injonction à s’intégrer, à ne pas rester désœuvré. Cette communication propose d’analyser comment le spectre du travail gratuit questionne à la fois les bénévoles exilé.e.s et les associations qui les accueillent, et invite à réinterroger la place de la morale. Elle s’appuie sur une enquête qualitative menée de février à juin 2020 dans trois associations de Nantes et sur une vingtaine d’entretiens approfondis auprès de bénévoles exilé.e.s.