Est-il moralement envisageable de laisser une personne qui le souhaite se suicider ? De l’impossibilité de répondre à cette question avec certitude
M. Florian LOMBARDO université Paul-Valéry - Montpellier 3 - LERSEM - EA 4584 | MONTPELLIER - France
Résumé : Le suicide est la première cause de mortalité parmi les 25-39 ans. Environ 800 000 personnes se suicident tous les ans (OMS, 4 sept. 2014). C’est un phénomène préoccupant. Il l’est d’autant plus si l’on considère que les personnes qui décèdent de la sorte finissent leur vie dans un enfer tel qu’il ne leur est plus possible d’envisager de continuer à vivre. Et la situation devient moralement délicate lorsque les derniers travaux psychiatriques sur la question nous informent que tout un chacun peut « tendre une main » à n’importe quel moment du processus pour en modifier la fin inéluctable. Mais pour d’autres, le suicide « manifeste la liberté humaine » (Baechler, 1975) et il n’est pas souhaitable de chercher à lutter contre sa prévalence. Le débat entre ces deux manières de voir l’homme est avant tout éthique et je propose d’en résumer les arguments dans cette communication. Ce sera l’occasion de discuter l’institutionnalisation du suicide (directives anticipées en France, euthanasie en Colombie, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg, suicide assisté en Suisse, etc.) et de défendre brièvement mon projet de thèse : la collecte de témoignage auprès de personnes en situation de crise suicidaire. La dimension insondable de la mort soulève des questions sans réponse que seule l’éthique peut aborder et discuter. Le suicide cristallise plusieurs de ces interrogations et il me semble intéressant de les discuter dans le cadre d’un congrès sur « la société morale ».