Le paradoxe de la subjectivité au travail dans les organisations contemporaines : quand l’ergonomie repense les pratiques de travail au regard des situations de travail
Mme Mara BISIGNANO Université Paris Nanterre - IDHES UMR8533 | NANTERRE - France
Résumé : Les formes contemporaines d’organisation du travail relayent l’idéal d’une déverticalisation des décisions auprès des salariés. En sollicitant davantage la subjectivité cognitive des travailleurs, l’organisation transforme les rapports au travail et l’idée même dont est véhiculé cette déverticalisation. L’organisation demande une implication des salariés en actionnant plusieurs leviers psychologiques comme la recherche d’autonomie dans l’accomplissement des tâches, faire preuve d’initiative, d’investissement dans la poursuite des objectifs fixés et par la prise de responsabilité. Ces ressorts demeurent néanmoins encadrés par des normes et des dispositifs fixés par les directions. L’organisation parvient ainsi à masquer une verticalisation du pouvoir qui, bien qu’elle ne dise plus son nom, poursuit les mêmes objectifs. Cette situation se retrouve dans toutes les organisations paradoxantes (Gaulejac (de) et Hanique, 2016). Cette communication se propose de discuter des formes prises par la subjectivité au travail pour des salariés employés dans un établissement automobile. A partir d’une démarche d’enquête monographique (travail documentaire sur la période 1993-2014, exploitation de matériaux de seconde main de type empirique et entretiens semi-directifs auprès de salariés) et par une entrée sur la place de l’ergonomie dans les organisations, on verra de quelle manière l’engagement subjectif des salariés est mis au service des objectifs de l’entreprise.