Difficultés supplémentaires des femmes dans les « métiers d’homme »
Mme Irem Nihan BALCI École Normale Supérieure de Lyon (ENS de Lyon) - Laboratoire Triangle | LYON - France
Résumé : Les femmes qui exercent les métiers d’homme “se situent en rupture avec l’image que la société leur attribue par le biais des stéréotypes” (Batt, 2005, p. 1). Elles doivent être capables de résister à la pression sociale et faire un effort pour la reconnaissance d’une valeur équivalente à celle d’un homme en se conformant à la norme masculine (Eckert et Faure, 2007). À partir de trois enquêtes de terrain menées, auprès des récupératrice de déchets roms à Istanbul, par l’observation pendant quatre ans, par des entretiens et par le suivi de leur parcours de collecte afin d’appréhender les conditions de vie et de travail, la présente communication se donne comme objectif de questionner les difficultés des femmes qui s’engagent dans des métiers exercés majoritairement par les hommes et les stratégies qu’elles mobilisent afin de les dépasser. Les conditions difficiles du travail de récupération sont partagées aussi bien par les hommes que par les femmes, mais les secondes sont confrontées à des difficultés supplémentaires. Ce sont elles qui s’occupent de toutes les tâches ménagères, elles se sentent obligées d’assurer l’honneur féminin (namus) et de surmonter la peur du harcèlement, et enfin comme c’est un travail exercé majoritairement par les hommes, elles auto-dévalorisent leur compétences et leur capacité de porter des lourdes charges même si elles manipulent le même poids que les hommes.