La figure de l’entrepreneur au Maroc et en Algérie : entre réformisme d’état, moralisation de la société et idéal de mobilité Nord-Sud
M. Thomas SERRES UC Santa Cruz | SANTA CRUZ - États-Unis
Résumé : Cette présentation s’intéresse à la place de la figure de l’entrepreneur en Algérie et au Maroc. En étudiant les représentations promues par les discours officiels (gouvernement, institutions étatiques) et dans les médias à forte audience (en priorité arabophones), l’enjeu est d’identifier la place de ce sujet idéal, à la fois comme élément de l’idéologie dominante, mais aussi comme figure subversive. Si les systèmes algériens et marocains sont différents, le contexte socio-politique y est en revanche comparable. Au cours des dernières années, des chefs de l’état absents se sont reposés sur un système de clientélisme faisant la part belle aux affairistes. Les gouvernements se sont aussi heurtés à des mouvements de contestation de grande ampleur. Par ailleurs, leur stratégie économique vise notamment à attirer des capitaux étrangers, notamment ceux de descendants d’émigrés. En se concentrant sur la figure de l’entrepreneur, cette présentation se propose donc de répondre aux questions suivantes : Quelle est la place de l’entrepreneur couronné de succès dans la légitimation des pouvoirs publics ? Quels sont les impératifs moraux attachés à ce sujet idéal (travail, autonomie), et comment ces impératifs sont-ils articulés avec divers projets politiques ? Quelle est la relation entre l’entrepreneur et son double honni, l’affairiste ? Comment la figure de l’entrepreneur promeut-elle un idéal de mobilité Nord-Sud (retour des immigrés, bureaucratie accueillante) ?