AISLF Tunis 2021

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Communication #213 présentée dans le CR34 - Intervention et politiques sociales

Le bien commun

M. Jean-Pierre TABIN
École d'Études Sociales et Pédagogiques - Haute école de travail social et de la santé HES·SO | LAUSANNE - Suisse

Résumé : L’opposition entre bien commun et bien individuel est classique en sociologie, Durkheim (1898) par exemple affirmant qu’« il est trop clair que toute vie commune est impossible s’il n’existe pas d’intérêts supérieurs aux intérêts individuels ». Rattaché à une conception spécifique de l’humain, à des principes comme la dignité, l’autonomie, la responsabilité ou la solidarité, le bien commun est une forme de régulation des conduites individuelles et des pratiques communes. Le bien commun étant « la matrice de tous les discours de légitimation des formes sociales instituées » (Chevallier, 1978, p. 12), il n’est guère étonnant que l’État ou ses agent·e·s s’y réfèrent pour légitimer d’accorder ou non des prestations sociales, ou pour justifier de soumettre des récipiendaires à des conditions, notamment d’activation. En situation d’entretien, ces derniers font également souvent référence au bien commun, comme l’ensemble des actrices et acteurs sociaux amenés à justifier publiquement leurs positions et leurs prétentions (Boltanski & Thévenot, 1991). Quelque soit la position sur la ligne de pouvoir de l’État social, le bien commun est mobilisé. L’objectif de cette communication est d’analyser cette construction morale spécifique, historiquement et socialement située, d’un « point de vue général, supérieur […] séparé des intérêts particuliers » (Lascoumes & Le Bourhis, 1998, p. 39). Nous allons le faire à partir des résultats d’une recherche menée auprès d’agent·e·s et de récipiendaires de prestations sociales en Suisse.