Socio-anthropologie morale du politique : regards distanciés sur la commission Vérité et réconciliation en Afrique du Sud et sur les conférences nationales souveraines du Bénin et du Congo-Brazzaville
M. Abel KOUVOUAMA Université de Pau et des Pays de l'Adour - Laboratoire Identités, Territoires, Expressions, Mobilités (ITEM), E.A | PAU - France
Résumé : La démarche critique de socio-anthropologie morale du politique en Afrique subsaharienne adoptée ici questionne les rapports entre morale et politique; elle s’appuie d’une part, sur l’affirmation de l’existence d’une pluralité de regards sur les sociétés africaines qui participent de l’invention de l’Afrique (V. Mudimbe); d’autre part, sur l’appréhension des différents régimes d’historicité des sociétés africaines qui articulent des totalités socio-politiques enchevêtrées dont le dénominateur commun est l’avant et l’après situation coloniale. A travers l’analyse des rapports entre politique, morale et éthique, deux expériences historiques seront analysées dans notre communication : d'abord, celle de la commission Vérité et réconciliation instaurée en 1990 sous l’initiative de Nelson Mandela et du Révérend Desmond Tutu en Afrique du Sud (dont on en fera le bilan actuel), et qui abordait la question de la vérité politique et de la morale individuelle et collective dans l’invention de la démocratie sud-africaine post-apartheid. Ensuite, celles des conférences nationales souveraines du Bénin et du Congo-Brazzaville (1991), comme modalité ordinaire de transmission du pouvoir en démocratie, qui ont discuté de la question de la moralisation de la vie politique. On en esquissera quelques hypothèses socio- anthropologiques sur les logiques d'acteurs dont le pouvoir d’Etat est l’enjeu principal de lutte entre les classes sociales et groupes politiques pour son contrôle exclusif.