AISLF Tunis 2021

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Communication #239 présentée dans le GT24 - Sociologie des institutions

La morale comme mode dérégulation des représentations et de l'action. Quelques interrogations sur cette forme de normativité

Mme Lise DEMAILLY
Université de Lille 1 Sciences et technologies - MESHS | LILLE - France

Résumé : Plusieurs faits permettent de soutenir l’idée que la morale deviendrait dans la vie des institutions la forme dominante de normativité. Or soutenir cette hypothèse implique de préciser par rapport à quoi le point de vue moral étendrait son influence. Logiquement, d’une part cela se ferait au détriment des points de vue non normatifs, autrement dit du jeu pragmatique des intérêts. D’autre part, au détriment des autres types de normativité : la religion, l’éthique, le droit, la déontologie, les usages, la sagesse, la politique, ceci pour des raisons historiques qu’il resterait à explorer. On cherchera, dans des exemples empruntés au monde politique et aux pratiques professionnelles, ce qui permet de comprendre le succès actuel de l’approche morale : émotionnalité, labilité, capacité mobilisatrice et révolutionnaire, non-technicité. Mais la forte visibilité sociale des sentiments moraux ne doit pas nous faire oublier plusieurs phénomènes qui viennent limiter le domaine d’application de l’hypothèse de la «société morale». On montrera que, notamment, ce ne sont pas aujourd’hui tous les acteurs sociaux, politiques ou professionnels qui donnent une grande place à la morale dans la régulation de l’action. Si certains y sont sensibles, d’autres restent attachés en fait à d’autres modes de régulation de leur action et ne font que donner quelques gages discursifs à la morale. La reconnaissance de la place sociale de la morale ne dispense pas d’une étude des rapports de domination