La réception sociale de la dimension morale des politiques publiques de relogement par les populations marginalisées en Algérie : entre revendication d’équité sociale et manipulations symboliques
M. Madani SAFAR ZITOUN Université Alger 2 - Laboratoire LASADET | ALGER - Algérie
Résumé : Cette contribution porte sur les ambiguïtés “morales” relevées dans nos enquêtes de terrain à propos de la manière selon laquelle est pensée, intériorisée et manipulée la « pensée d’Etat » par les bénéficiaires de programmes généreux de logements sociaux distribués par l’Etat en Algérie. Ces enquêtes réalisées auprès de populations précaires relogées dans des grands ensembles d’habitat montrent l’existence d’un double discours à dimension “morale” selon que l’on interpelle cete entité morale qu’est l’Etat d’un côté et selon que l’on essaie de donner un sens aux rapports que l’on entretient avec les “autres” voisins individuels et collectifs avec lesquels on partage le nouveau milieu résidentiel de l’autre. L’analyse des représentations habitantes, développe la manière dont ces populations construisent un registre complexe de référents moraux, adossés aux conceptions d’équité et de justice sociale de la « pensée d’Etat » pour afficher et légitimer symboliquement leur qualité de « famille précaire éligible au relogement » .En contrepoint, nous soulignons la façon dont ce discours est détourné, récupéré pour légitimer des conduites qui semblent aciviques, non citoyennes du point de vue des normes morales sociétales générales. L’accent sera mis sur le contenu des discours signalant le caractère « moral » ou non des pratiques liées au “vivre ensemble” de familles ayant connu des trajectoires sociales et des vécus urbains souvent très dissemblables, hétérogènes.