Les travailleurs de l'émergence: les employés camerounais des entreprises chinoises de construction
M. Gérard AMOUGOU
Université de Yaoundé II - Département de science politique | YAOUNDÉ - Cameroun
(avec : Fabien NKOT)
Résumé : Suite au lancement de son programme d’émergence, le gouvernement camerounais a lancé plusieurs projets dont la construction de barrages hydroélectriques, d’un réseau autoroutier et d’un port en haut-profonde. Ces « grands chantiers », au cœur du programme « vision 2035 », sont pour la plupart financés par des prêts chinois et réalisés, puisque c’est une des conditions d’obtention, par des entreprises chinoises au sein desquelles de nombreux camerounais sont employés comme manœuvres, ouvriers spécialisés ou ingénieurs. Dans un pays marqué par un taux de chômage important, l’abondance de l’offre sur le marché de l’emploi met les entreprises chinoises dans un rapport de force très favorable dont certaines n’hésitent pas à profiter en différant la signature d’un contrat de travail ou en réduisant les prestations sociales garanties par les conventions collectives (santé, logement). Malgré cette conjoncture très défavorable au développement de mobilisations, les employés camerounais engagés dans la construction de deux barrages (Lom Pangan et Memve’ele) ont réussi à faire entendre leur voix et en forçant l’État Camerounais à s’investir davantage dans le suivi du chantier par la mise en place des comités tripartites. Si l’importance politique et symbolique de ces deux chantiers a joué un rôle important dans le succès de certaines mobilisations, il est aussi la conséquence de l’éloignement de ces sites des villes et donc de la main d’œuvre disponible.