Dynamiques protestataires et économie morale dans le contexte marocain post 2011
M. M'hammed BELARBI Université Cadi Ayyad | MARRAKECH - Maroc
Résumé : L'hétérogénéité des collectifs ainsi que les chemins de traverse qui conduisent à protester au Maroc renvoie à des réseaux d’interactions plus ou moins stables dans le temps. Fondées sur le partage ponctuel ou durable de valeurs, de causes, de publics, de ressources physiques et virtuelles, les dynamiques protestataires post 2011 dans le contexte marocain sont configurées par des relations d’échanges plus ou moins formalisées. Les pratiques d'économie morale, qui nourrissaient les protestations populaires au niveau local et nationale dans un contexte de rupture socio-économique, mettent en avant les prétendus vertus de la rue. Le sens des récentes dynamiques protestataires est en effet moral autant que politique. D’où la formulation de l’hypothèse selon laquelle, les propriétés morales en lien avec l’action même de revendiquer contribuent également à asseoir la légitimité de ces dynamiques. L’objectif de cette communication est de dévoiler les ressorts d’instrumentalisation politique des dynamiques protestataires dans le contexte marocain et d’aller au-delà de leurs manifestations politiques apparentes, pour interroger leurs ressorts profonds en termes de légitimité politique, à travers la définition d’un seuil de tolérance en rapport aux expériences et à la perception des « injustices ». Comprendre les transformations générées par les activités protestataires requiert une analyse des processus de légitimation politique qui s’appuient sur l’idée de l'économie politique et morale.