AISLF Tunis 2021

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Communication #285 présentée dans le GT20 - Études animales

Comment traduire en termes juridiques/éthiques et moraux la dette intellectuelle que contractent les humains à l'égard des animaux

Mme Florence BRUNOIS-PASINA
CNRS/EHESS/Collège de France - LAS | PARIS - France

Résumé : Sur la base de données ethnographiques issues de Papouasie Nouvelle Guinée et d'Ouganda où l'auteure mène ses recherches de terrain, la communication portera sur la dette intellectuelle que contractent les humains à l'égard des animaux. En effet, là où la société kasua de Nouvelle Guinée reconnaît avoir emprunté certains de leurs savoir-faire aux animaux qui cohabitent leur milieu forestier, les Batooro qui habitent le parc Kibale en Ouganda reconnaissent avoir également emprunté aux chimpanzés certaines connaissances ayant trait aux plantes médicinales de leur forêt. Cette reconnaissance intégrée, incarnée par ces humains est exceptionnelle et explique le respect qu'ils vouent à la faune qu'ils côtoient: ils sont endettés. Car ici, les animaux ne sont pas les objets passifs d'une pale copie mais des sujets à part entière, détenteurs d'un savoir qui leur est propre et reconnu en tant que tel. Cette reconnaissance nous interroge: comment traduire en termes juridiques dans le régime ontologique dominant qu'est le naturalisme, cette dette? La morale ne voudrait-elle pas qu'à l'instar de ces sociétés, nous accordions aux animaux que nous copions des droits intellectuels pour signifier notre dette à l'égard de ce collectif? Sommes nous seulement capables de leur attribuer un tel statut, soit celui de sujet de droits?