La coopération dans les systèmes concurrentiels
Mme Béatrice TRIOZON Université de Toulouse 1 Capitole - IDETCOM | TOULOUSE - France
Résumé : Selon le paradigme de l’économicisme (homo economicus) et dans un contexte de concurrence généralisée, l'ensemble des phénomènes sociaux est rapporté aux décisions et aux calculs des individus. L’action sociale est comprise comme égoïste, rationnelle et intéressée ; la concurrence – mettant en scène des individus toujours séparés – viendrait remplacer les différentes formes de coopératives sociales et relèguerait le don aux sociétés anciennes. Or, l’étude comparative qui a été menée auprès de trois collectifs inter-entreprises nous a permis d’observer empiriquement que le don est présent même là où les logiques d’intéressement et de fonctionnalité prédominent et qu’il est moteur et performateur des alliances. Sur les trois terrains, qui présentent des niveaux de coopération différents, dans un contexte concurrentiel plus ou moins fort, nous avons cherché à : • évaluer les mobiles et les modes de coordination de l’action collective selon l’approche dialogique obligation/ liberté, intérêt/ désintéressement; • documenter les points de tensions entre les deux dynamiques et repérer les compromis et les articulations. Finalement, sur deux de nos terrains, nous avons pu observer comment la concurrence à outrance peut avoir pour conséquence de faire émerger la coopération : des niches sociales se créent où l’on observe un mélange de concurrence-émulation-coopération dans un système de petites et moyennes entreprises.