Vers une approche socialisatrice des conflits territoriaux dans les projets énergétiques en Suisse ?
Mme Adeline CHERQUI
Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale - Haute Ecole d'ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud, Instit | YVERDON-LES-BAINS - Suisse
(avec : Pierre-Henri BOMBENGER)
Résumé : Les injonctions à la protection du climat et de l’environnement revêtent de manière croissante une dimension normative. Ces problématiques politiques deviennent des impératifs moraux à suivre au nom d’intérêts supérieurs et d’un bien commun, convoquant dans leurs discours de justification des enjeux comme la survie de l’espèce humaine. Par exemple, dans le cas suisse, la transition énergétique et climatique imposerait la réalisation de projets éoliens industriels au sein même de zones environnementales et paysagères protégées ou encore des projets de biomasse agricole jouxtant des zones résidentielles. Dès lors, l’opposition à ces projets apparaît initialement comme un impensé des porteurs de projets et des acteurs politico-administratifs. Ils ne conçoivent ni l’existence, ni la légitimité des discours d’opposition apparaissant dans le tissu social local. Les conflits territorialisés que génèrent ces projets de production avec les pratiques héritées des territoires sont perçus et décriés comme l’expression d’égoïsmes locaux, corporatistes ou individuels. A travers l’étude de différents cas en Suisse romande, cette contribution met en exergue une évolution sur une dizaine d’années des représentations des conflits par les énergéticiens et les autorités publiques. En effet, d’abord impensés, puis processus à éviter, ils sont perçus de manière croissante comme une étape nécessaire à la réalisation de ces projets énergétiques, passant par des dynamiques transactionnelles.