Entre visibilité et invisibilité : négocier les spatialités chez des homosexuels Tunisiens
M. Nassim HAMDI Institut supérieur du sport et de l’éducation physique de Ksar Saïd | TUNIS - Tunisie
Résumé : En Tunisie, l’homosexualité est catégorisée comme une pratique sexuelle immorale. Le référent religieux, qui fixe les frontières entre le permis et l’interdit, est souvent mis en avant pour justifier le caractère illicite de l’homosexualité et l’attitude hostile à son égard (Youssef, 2013). De sa part, le cadre juridique classe les pratiques homosexuelles dans la section de l’attentat à la pudeur. L’article 230 du code pénal pénalise l’acte de sodomie et du lesbianisme par une peine allant jusqu’à trois ans de prison ferme (Ferchichi, 2016). En tant que telle, la visibilité des minorités sexuelles dans l’espace public reste très limitée pour des simples mesures de sécurité. Les homosexuels, sont appelés à conserver leur sexualité cachée et endosser les assignations hétéronormatives. Faire semblant d’être hétérosexuel et accepter de vivre une double vie constituent des stratégies efficaces pour gérer l'identité homosexuelle dans un environnement de déni (Cass, 1984). Cependant, les jeunes gays et lesbiennes sont incités à créer, au sein de leurs localisations géographiques, des espaces (réels et/ou imaginaires) de sécurité et d’affirmation identitaire dans lesquels ils pourront évoluer. La présente contribution porte précisément sur les différentes stratégies que ces personnes marginalisées déploient dans leur quotidien pour surmonter les contraintes socio-spatiales (de Certeau, 1990).