L’autonomie de l’enfant à travers l’inégale perception des droits.
Mme Natacha VELLUT
CNRS - CERMES3 | PARIS - France
(avec : Laurence SIMMAT-DURAND)
Résumé : Les droits de l’enfant suivent un parcours chronologique inversé comparativement aux droits du citoyen : les citoyens se sont d’abord vus reconnaître des droits-libertés, puis des droits-créances, tandis que pour les enfants, les droits-créance ont précédé les droits-libertés. Les droits-créance, sont des « droits à », à la protection, au développement, les droits-libertés, des « droits de », droit de s’exprimer, de choisir sa religion, de participer aux décisions. Le défenseur des droits a réalisé en 2016 une enquête intitulée « Accès aux droits » sur l’expérience des discriminations et l’accès aux droits. Plus de 5000 personnes âgées de 18 à 79 ans ont attesté d’une connaissance modeste des droits de l’enfant et d’une perception différenciée de ces droits selon leurs caractéristiques socio-démographiques. En fonction du sexe, de l’âge, de la qualité ou non de parent du répondant, les droits de l’enfant sont plus ou moins connus, et les droits-créance plus ou moins valorisés et privilégiés relativement aux droits-libertés. Par une analyse secondaire de cette enquête, nous soulignons une perception différenciée qui arbitre entre l’enfant autonome, celui des droits-libertés, et l’enfant protégé, celui des droits-créances, qui met en valeur une tension conflictuelle entre la (re)connaissance des droits de l’enfant et l’asymétrie générationnelle et éducative de la relation enfant-parents. Une nouvelle perception des droits de l’enfant est mise au jour, qui repose sur une représentation éloignée de l’enfant « objet » familial.