Franchir les frontières spatiales, culturelles et politiques en Nouvelle-Calédonie ?
M. Benoît CARTERON Université catholique d'Angers - Faculté des Sciences humaines et sociales | ANGERS - France
Résumé : En Nouvelle-Calédonie, le conflit politique entre deux tendances opposées est devenu une véritable structure de représentation et d’action, enrayant durablement la cohésion sociale et la possibilité pour le pays d’avancer vers une possible unité « nationale ». Cette communication abordera la question des frontières culturelles (associées aux disparités socio-économiques et aux divisions politiques) à travers les manières d’investir l’espace. Tant du point de vue matériel que symbolique, la frontière sera abordée sous ses deux aspects contraires : comme « ligne de démarcation », renvoyant aux facteurs structurels d’oppositions binaires confinant à l’exclusion de l’autre ; comme « interface » lorsque la frontière permet de se situer en reconnaissant la part de l’autre en soi, qu’elle ouvre à l’échange et ressort d’un point de rencontre entre groupes multiples. Quelles appropriations, fréquentations et manières dont sont vécus les espaces permettent le franchissement des frontières culturelles et, par-là, l’infléchissement des oppositions conflictuelles ainsi que la reconnaissance de valeurs communes ? De multiples espaces recoupent historiquement les séparations culturelles et politiques : Nord kanak / Sud européen ; Brousse / Nouméa ; village / tribu… Entre démarcation et interface auxquels renvoient leur usage et leur portée symbolique, j’aborderai singulièrement des exemples urbains tels que les places centrales de Nouméa, les musées de la ville et le Centre culturel Tjibaou.