Penser les médiations de l'accès à l'espace public sous l'horizon sémiotique
M. Jean-Louis GENARD Université libre de Bruxelles - Faculté d'architecture | BRUXELLES - Belgique
Résumé : La question des médiations assurant la réceptivité des prises de position au sein de l’espace public renvoie bien sûr aux structures sociales intermédiaires (associations, syndicats...), mais c’est aussi une question de médiation des formes d’expressivité. Mon intervention s’intéressera à ces formes expressives très présentes dans les engagements publics que sont les sentiments dysphoriques à l’égard du politique (dégoût, écoeurement...), et cela parallèlement à la banalisation de pratiques contestataires apparaissant comme des manifestations d’exaspération, se méfiant des processus traditionnels d’encadrement. Ces mouvements ont bien sûr leurs raisons et ces attitudes s’appuient sur une dimension cognitive, mais leur forme d’expressivité demeure peu ouverte à parcourir un arc sémiotique qui du dégoût passerait à l’indignation, et de celle-ci à des revendications politiques « formalisées ». Cette « suspension émotionnelle » du rapport au politique invite (1) à discuter les hypothèses sur la régression de la critique sociale au profit de la critique artiste et à thématiser un « tournant moral de la critique » repérable depuis ses manifestions émotionnelles les plus communes jusqu’aux évolutions récentes des théories critiques, (2) à réfléchir aux effets sémiotiques de ces structures intermédiaires que constituent l’espace public médiatique et les réseaux sociaux et (3) à analyser les stratégies de qualification et de disqualification de ces formes expressives