AISLF Tunis 2021

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Communication #387 présentée dans le CR03 - Études socio-juridiques et sociologie du droit

Quand le respect des normes de l’eau n’est pas possible

Mme Geneviève BRISSON
Université du Québec à Rimouski | RIMOUSKI - Canada
(avec : Nathalie LEWIS)

Résumé : Se basant sur plusieurs recherches de terrain menées en socio-anthropologie de l’environnement, cette communication souhaite interroger comment les gestionnaires de l’eau, et au premier chef les gouvernements locaux, peuvent appliquer les normes de qualité de l’eau dans un contexte où ils ne détiennent pas toutes les capabilités pour bien le faire. Il ne s’agit pas d’une question de volonté mais de ressources et dès lors de hiérarchisation entre les impératifs normatifs imposés aux gestionnaires. Cette situation de « double contrainte » est vécue difficilement par les élus, et les amène à naviguer entre plusieurs niveaux d’enjeux : efficacité, coûts, santé publique et de l’environnement, inquiétudes, communications. Il s’agit de hiérarchiser ces défis en fonction des possibilités concrètes qui leur sont offertes. Cependant, cette réalité « sous contraintes » est jugée sévèrement par les citoyens et les créateurs et émissaires des normes : à l’aulne de la santé des personnes et de la nature, ils lisent la gestion mise en place comme une immoralité. À partir des exemples de gestion de l’eau de la région du Kamouraska (Québec, Canada) et de la région toulousaine (France) issus d’ethnographies récentes (2017-2019), une réflexion sera menée sur les liens entre morale et normes : un État édictant des normes sans donner les moyens de les appliquer est-il sans faute? Et la norme est-elle au-delà de la morale, ou peut-elle être un instrument de moralisation?