De la Haute-Volta, colonie à « réservoir important de main-d’œuvre », à la recherche d’un développement humain durable à travers la valorisation de son capital migratoire
M. Ram Christophe SAWADOGO Université de Ouagadougou - Dpt. de Sociologie | OUAGADOUGOU - Burkina Faso
Résumé : Une des fêtes commémoratives initiées sous le régime de la Transition, elle-même dérivée de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, a été la commémoration de la révolte des Bwaba de la Boucle du Mouhoun contre le colonisateur, entre 1915 et 1916. Elle avait été saluée comme un des faits de l’histoire des résistances des peuples burkinabè contre l’occupation coloniale, qui méritait d’avoir sa place dans la conscience collective nationale. La célébration du centenaire de la création de la colonie de Haute-Volta en 2019 s’inscrit dans le même sillage : faire le rappel de sa fonction de « réservoir important de main-d’oeuvre », fortement exploitée pour servir les intérêts de la puissance coloniale et en tirer aujourd’hui un des fondements de cohésion sociale et de construction nationale. Le Burkina Faso doit aujourd’hui en faire une nouvelle lecture et inventer une nouvelle forme de valorisation de ce capital migratoire. De « perte de bras, de muscles, de cerveaux et de compétences» qu’elle a constitué, la diaspora burkinabè doit aujourd’hui devenir une « mine de capital migratoire » et en représenter un puissant facteur de son propre développement. Les analyses d’une relecture des motifs officiels de la suppression de la colonie de Haute-Volta et de sa répartition entre les colonies voisines s’inscrivent dans les thématiques du CR36 et de son axe 2, notamment le cadre théorique de travail émotionnel et du capitalisme émotionnel.