Libérer la circulation pour les hongrois, entraver celle des étrangers : le double jeu du premier ministre hongrois Victor Orban quant à Schengen
M. Etienne CIAPIN Université Toulouse Jean Jaurès | TOULOUSE - France
Résumé : Depuis la chute des régimes socialistes en Europe, l’état hongrois est le plus investit pour ouvrir de nouveaux postes frontaliers avec les états voisins. Cette politique, continuée par Victor Orban et doublée par de multiples mesures d’octroi de nationalités, vise à faciliter les circulations pour les populations magyarophones frontalières et à maintenir ou accroitre leurs liens avec la Hongrie de même que l’influence extra-frontalière de cette dernière. Cette politique repose en partie sur les mécanismes de l’espace Schengen intérieur, mais n’est pas sans poser de problèmes quant aux états voisins, suspectant les visées irrédentistes de l’état Hongrois dirigé par le Fidesz. Dans le même temps, ce dernier se présente comme le parangon des états critiques quant à la gestion européenne des frontières extérieures de Schengen et des politiques liées aux réfugiées des conflits au moyen orient. D’apparence paradoxale, cette double position traduit un mot d’ordre politique qui ne peut être compris que par la contextualisation politique : « libérer la circulation des nôtres, entravez celles des étrangers », et en filigrane « promouvoir une Hongrie forte, critiquer une UE faible ».