Les dynamiques de formalisation de la morale animaliste au XXIe siècle
Mme Marianne CELKA université Paul-Valéry Montpellier 3 - LEIRIS | MONTPELLIER - France
Résumé : L’animalisme se construit aujourd’hui selon des lignes de forces complexes qui témoignent à la fois de la maturation de son idéologie et des processus de légitimation de son mode de vie. Les principes moraux sur lesquels il repose renégocient en profondeur l’ordre moral institué en posant la question du juste et du blâmable dans nos relations hommes-animaux. Selon l’expression durkheimienne, une nouvelle « physique des mœurs » prend forme à partir du travail d’associations, d’ONG, de militants et d’activistes animalistes. En ce sens, il s’agit de saisir la manière dont le conflit entre l’institué et l’instituant au sujet de la légitimité de la domination de l’homme sur les animaux et ses conséquences climatiques rend compte du processus de formalisation cher à Élias en tant qu’« [ils] dessinent, au sein de collectifs plus ou moins élargis, un consensus sur ce qui apparaît convenable ou non » (Traïni). L’analyse de ce conflit moral permet de mesurer l’enchevêtrement, a priori paradoxal, des processus de rationalisation des arguments animalistes et de la puissante efficacité sociale des déterminants affectuels (Weber) relatifs à la cause animale et aux images qu’elle diffuse. La contradiction des forces sociales perturbatrices et conservatrices (Simmel) révèle que « Seuls, les temps qui sont moralement divisés sont inventifs en matière de morale » (Durkheim). Il s’agira d’analyser la manière dont la raison et les passions se conjuguent en tant que dynamiques de formalisation de la morale animaliste.