Du processus de brutalisation du maintien de l’ordre en France
M. Matthijs GARDENIER Université de Manchester - Department of Sociology | MANCHESTER - Royaume-Uni
Résumé : Le modèle de maintien de l’ordre français est en pleine évolution. Celui-ci est tradionnellement basé sur la mise à distance des manifestants par l’usage des gaz lacrymogènes et la coproduction de l’ordre public par une négociation entre service de police et organisateurs de manifestations déclarées . Au moins depuis le début des années 2010, des innovations doctrinaires et matérielles ont changé la donne, pointant dans la direction d’une « brutalisation » du maintien de l’ordre, comme le mettent en avant Pierre Douillard Lefèvre ainsi qu’Olivier Fillieule et Fabien Jobard . Nous avons mené des observations de terrain pour documenter la mise en œuvre sur le terrain de ce nouveau modèle.. En utilisant des méthodes d’observation issues de travaux de thèse, nous avons observé les dispositifs mis en œuvre par les forces de l’ordre au cours des « actes » successifs du mouvement des Gilets Jaunes à Toulouse et à Montpellier du 8 décembre 2018 au 13 avril 2019 (de l’acte III à l’acte XXII). Nous interrogerons au travers de cette étude l’économie morale du maintien de l’ordre , notamment les conséquences de certaines pratiques à même de susciter un sentiment de terreur auprès des manifestants de par leur caractère indiscriminé.