Bouger pour être sain : injonctions morales et résistances populaires
M. Gilles VIEILLE-MARCHISET Université de Strasbourg - Equipe de recherche en sciences sociales du sport | STRASBOURG - France
Résumé : Défendu à différentes échelles, de l’international au local, un nouveau récit santéiste (Crawford, 1980) est fabriqué pour développer les activités physiques dans une optique de santé. A partir d’une vision catastrophiste de l’obésité, des recommandations valorisent une activité physique régulière, modérée et quantifiée. Cette emprise sur les corps révèle une quête salutaire dans le cadre d'une morale pratique au sens durkheimien Cette mise en mouvement pour être sain peut être assimilée à une injonction morale dans une optique de salut ici et maintenant. Elle est menée par des missionnaires du corps en mouvement à destination de sujets égarés dans la sédentarité et l’inactivité physique. Ces entrepreneurs de bien être corporel : médecins du sport, kinésithérapeutes, éducateurs sportifs, enseignants APA (activités physique adaptées) agissent dans le cadre de bio-pédagogies (Rail, 2017), qui imposent des modes de vie actifs à toutes et tous. Toutefois, les acteurs ciblés, notamment les milieux populaires, ignorent, résistent ou s'adaptent face à cette emprise santéiste en rupture avec leurs manières de vivre leur corps. Fortement contraints par des environnements culturels en décalage, ils ignorent cette emprise morale en privilégiant les impératifs du quotidien, le temps présent et les plaisirs de la société libérale de consommation.