Le travail politique de la femme à l’épreuve de la morale en Côte d’Ivoire : essai d’analyse
Mme Gnangon Georgette BROU
Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo (Côte d'Ivoire) | ABIDJAN - Côte d'Ivoire
(avec : Bisse Blanche Danielle ADOH)
Résumé : En dépit des textes internationaux et nationaux visant à faciliter la promotion des droits politiques de la femme adoptés par la Côte d’Ivoire, celles-ci restent marginales là où se prennent les décisions. En effet, selon les statistiques de 2019, l’on dénombre 19.19% de femmes au Sénat, 11,83% à l’Assemblée Nationale, 17,07 % ministres, 7,46% maires et 3,22% Présidente de conseil régional. Pourtant, elles représentent environ 48% de la population (RGPH 2014) et 49,5 % des électeurs (CEI, 2018). En outre, malgré leur nombre important dans les partis politiques, et des niveaux d’instruction équivalent, seulement 7,9% d’entre elles ont été proposés comme tête de liste des élections régionales et municipales de 2018. La présente étude a pour but de comprendre les logiques sociales de la répartition du travail politique et les modes d’accès aux postes de décisions. Elle est basée sur une approche qualitative articulée autour de trois axes : (i) les représentations sociales du genre et de l’espace politique par les enquêtés ; (ii) les fondements sociaux de la distribution des rôles entre les femmes et les hommes au sein de ces partis ou groupement et (iii) les enjeux liés à cette distribution du travail politique. Il ressort des entretiens avec trente (30) responsables de partis politiques et d’élus locaux que l’ancrage idéologique de la distribution sociale du travail est plus déterminant que le niveau d’instruction pour expliquer la marginalisation des femmes dans cette sphère politique.