Les résistances invisibles et leurs limites dans un milieu de travail précaire au Québec
M. Moutaa Amine EL WAER Université de Montréal - Département de sociologie | MONTRÉAL - Canada
Résumé : Si les enquêtes sur les actions collectives en sociologie des mouvements sociaux s’intéressent à l’action qui survient et non celles qui échouent, c’est principalement pour une contrainte empirique. Les chercheurs entament des enquêtes sur des actions qui existent déjà, car ils ne peuvent en général en être au courant que par leur publicisation par les mass-médias ou les réseaux sociaux. Celles qui sont avortées à la naissance ne sont pas, en général, identifiables à l’extérieur. Cette enquête cherche de ce fait, à tourner le regard vers un cas de mobilisation qui n’aboutit pas et s’interroge sur ce qui rend l’action collective des travailleur-se-s précarisé-e-s plus ou moins probable. Mon terrain s’est déroulé sur huit mois, auprès d’un sous-traitant d’un géant mondial de la vente en ligne au Québec. L’ambition de cette enquête est de contribuer à améliorer la compréhension des dynamiques qui entravent ou favorisent l’action collective des travailleur-e-s précaires. Elle envisage de mettre en lumière les mécanismes qui rendent l’action collective improbable dans un milieu de travail précaire. Elle s’attarde sur la présence de plusieurs dynamiques de résistances intéressantes à prendre au sérieux. Autrement dit, j’essaie de comprendre comment l’organisation sociale du travail au sein d’une entreprise entrave la construction du « nous » de ces travailleur-se-s et par là, leur action collective et comment ces dernier-e-s y font face.