Diffusion de la médecine chinoise et des compléments alimentaires au Cameroun : une facette de la « Chinisation » de l’Afrique ?
M. Idrissou MOUNPE CHARE Université de Yaoundé 1 - Département de Sociologie | YAOUNDÉ - Cameroun
Résumé : Si c’est véritablement dans les années 2000 que la présence chinoise en Afrique devient plus remarquable, il faut relever que les relations commerciales entre la Chine et l’Afrique remontent au moins aux expéditions de l’amiral Zheng He (1371-1433). Dans son élan de séduction, la Chine capitalise les « médiateurs du désir » (Pelletier 2010), à l’instar de la culture dont la médecine traditionnelle chinoise (TCM) en est un constituant. L’arrivée de la première mission médicale chinoise au Cameroun date de 1975. Les études sur les relations Chine/Afrique se sont principalement focalisées sur la coopération et les entreprises chinoises et par conséquent se sont surtout concentrées sur l’étude des acteurs chinois présents en Afrique. Or cette approche centrée sur les relations interétatiques dilue très souvent la diversité et la spécificité de la présence chinoise en Afrique. En s’intéressant aux circulations de savoirs et pratiques médicaux, nous donnons une place centrale aux acteurs africains qui interagissent avec des acteurs chinois tant en Afrique qu’en Chine. Il s’agit ici de saisir les africains comme acteurs-médiateurs de cette internationalisation de la Chine en Afrique à travers leur appropriation des pratiques chinoises. En d’autres termes, il convient d’analyser dans quelle mesure la relation sino-africaine permet l’émergence de nouvelles figures africaines, diffuseuses de la culture chinoise sur le continent noir.