Quelle compassion pour des êtres indésirables ?
M. André MICOUD CNRS - Centre Max Weber | Saint Étienne - France
Résumé : Il n’y a plus d’animaux « nuisibles » ; seulement des animaux « momentanément et localement proliférants » et/ou « susceptibles de produire des dégâts ». Pour ce qui est de la « régulation » de ces êtres indésirables – il ne faut plus parler non plus « d’éradication » - deux types d’arguments sont mis en avant. Le premier relève de l’écologie qui, arguant de l’utilité de tous les animaux dans la chaîne du vivant insistera sur les précautions à prendre pour ne pas porter atteinte à la biodiversité. Ce premier type d’argument ne porte donc en fait que sur des populations localement et temporellement situées. Au contraire le second type d’argument considère chaque animal en tant qu’individu dont il faudra veiller à ce que les mesures mises en œuvre pour s’en protéger (le déplacer, le stériliser, l’euthanasier…) soient les plus « humanitaires » possible, qui ne portent pas atteinte à sa qualité de vie et/ou qui le suppriment sans souffrance. Ce qui devient problématique dans les cas de prolifération. La « 12 th European Vertebrate Pest Management Conference » qui s’est déroulée à Clermont-Ferrand des 9 au 13 septembre 2019 a fait état des multiples problèmes auxquels se trouvent de plus en plus confrontés les vétérinaires en charge de cette gestion qui se trouvent devoir justifier de leurs pratiques auprès de publics toujours plus nombreux et de plus en plus divers. L’exposé rendra compte de l’articulation de ces deux types d’arguments dans les contestations auxquelles ces praticiens ont à faire.