AISLF Tunis 2021

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Communication #503 présentée dans le GT29 - Théories critiques, sociologies critiques

Une « crise de la représentation » ? L'évolution des médiations politiques au regard du mouvement des gilets jaunes

M. Manuel CERVERA-MARZAL
EHESS | Paris - France

Résumé : Cette communication porte sur un événement – les gilets jaunes – et un thème – la « crise de la représentation » – qui ont rythmé l’année 2018 – 2019. De nombreux commentateurs ont vu dans l’occupation des ronds-points l’illustration, voire la preuve, d’une rupture irrémédiable des médiations entre gouvernants et gouvernés. Les gilets jaunes ont-ils sonné le glas de la représentation politique ? Une telle affirmation contient, à mes yeux, une part d’erreur et une part de vérité. La part d’erreur, que j’aborderai dans la première partie de ce texte : diagnostiquer (pour s’en réjouir ou s’en inquiéter) la disparition prochaine de la représentation politique est un constat excessif. La part de vérité, que j’aborderai dans la seconde partie : si, avec les gilets jaunes, le régime représentatif n’a pas subi un coup mortel, il a tout de même subi un coup d’une rare intensité, qui autorise à inscrire 2019 dans la lignée des grands soulèvements démocratiques tels que 1789, 1871, 1936 et 1968. Par « soulèvements démocratiques », je désigne des mouvements de masse dont la visée émancipatrice suppose de mettre un terme à la confiscation des affaires politiques par une minorité de professionnels. Ces soulèvements ont obtenu des victoires partielles ou éphémères. Mais, de même qu’ils ont entraîné une meilleure redistribution des richesses et non l’abolition du capitalisme, ils ont fragilisé les médiations politiques sans pour autant les annihiler.