Why not « slum » ? Un dispositif innovant de résorption progressif d’un bidonville
M. Jean-Marc STEBE
Université de Lorraine - UFR Sciences humaines et sociales | NANCY - France
(avec : Elsa MARTIN et Jean-Baptiste DAUBEUF)
Résumé : Les bidonvilles sont réapparus progressivement depuis les années 1990 dans les creux des métropoles françaises. La question qui se pose pour les pouvoirs publics est celle de savoir comment les résorber tout en permettant à leurs habitants de s’insérer dignement au sein de la société. La ville de Metz, les services extérieurs de l’État et la Fondation Abbé Pierre ont pendant trois ans (2016-2019) mis en place, dans le cadre d’une convention, un accompagnement de près d’une vingtaine de familles roumaines séjournant dans des habitats précaires à l’orée du centre-ville de Metz. Cette convention prévoyait d’accompagner les ménages vers un emploi puis vers un logement. Après avoir étudié pendant plus d’un an le dispositif de résorption du bidonville de Metz, nous observons, la possibilité offerte aux ménages notamment, d’adapter et de s’approprier au sein du bidonville leur logement. Celui-ci constituerait alors un sas pour l’insertion des ménages. À l’image de ce que montre le sociologue S. Cattacin sur l’existence des ghettos, pouvant être considérés comme un cadre de vie communautaire, doté d’une épaisseur symbolique et identitaire qui fait sens, les bidonvilles ne peuvent-ils pas être un cadre participant à l’intégration ? Cattacin en vient ainsi à formuler l’interrogation suivante : Why not « ghetto » ?. Nous posons alors : Why not « slum » ? même si la question de la légitimation d’un tel habitat précaire se pose tant pour les travailleurs sociaux que pour les chercheurs.