Champ politique et moralité en contexte difficile et insulaire, entre ostracisme et effort de normalisation
M. Gil Dany RANDRIAMASITIANA Ankasto Université d'Antananarivo - Département de Sociologie | ANTANANARIVO - Madagascar
Résumé : En s’appuyant sur une approche écosystémique et sociohistorique du champ politique à Madagascar depuis la période post-indépendance, il est largement dominé par une ascension politique à forte coloration ethnico-politique et une économie extravertie et sous perfusion, une multisectorialiité des pratiques corruptives et une paupérisation chronique. A cela s’ajoute la défaillance des actions publiques. Certes le « secteur central » constitue le premier responsable de cet enlisement de l’Etat « prédateur » et « importé » mais le secteur périphérique a aussi une part de responsabilité morale dans cette déliquescence de l’Etat ; par un effet très probablement de mimétisme, beaucoup d'administrés se laissent aussi entraîner par un vent d’immoralisme et d’amoralisme. Ce qui accentue les discriminations dans plusieurs domaines de la vie sociale, parfois même communautaire. Les autorités morales tentent « vainement » de naviguer contre vents et marées ; ces autorités perdent une bonne partie de leur crédibilité et de leur visibilité dans le champ politique. La « raison du plus fort » refait inéluctablement surface. L’on se pose la question si l’uniformisation culturelle à l’échelle planétaire et les enjeux géostratégiques y sont pour quelque chose. L’ingouvenabilité n’est – elle pas également associée à un problème de socialisation et à une dégradation de la « référence éthico-morale » ? Platon a-t-il raison lorsqu’il plaide en faveur de la moralisation de la vie publique?