L’expression de l’orientation sexuelle des exilé·e·s non hétérosexuel·le·s en France comme stratégie de survie
Mme Noemi STELLA EHESS et ENS - Centre Maurice Halbwachs | PARIS - France
Résumé : Depuis janvier 2019 je mène une recherche-action auprès des jeunes (16-35ans) LGBTQ+ précaires en Île de France. Dans le cadre de cet exposé j’analyserai particulièrement les trajectoires de vie des exilé.e.s non hétérosexuel.le.s (16 sur les 20 personnes impliquées dans le projet). La parole des participant.e.s est recueillie par entretien semi-directif répété qui permet de suivre les obstacles rencontrés sur le moyen et le long terme. Si dans leur pays d’origine les lesbiennes négociaient avec les normes de genre et sexualité en vigueur en se construisant en tant que « sujets tacites » (Amari, 2018 :317) vis-à-vis de la grande majorité de leur entourage, une fois arrivées en France elles sont toujours dans l’obligation de se faire passer pour « des vraies femmes » (Rich, 1981 :25), car leur emploi et leur logement dépendent de leur passing hétérosexuel. Les hommes gay sont pour la majorité d’entre eux dans la situation opposée car ils sont contraints à mobiliser leur orientation sexuelle afin d’être hébergés contre services sexuels par des connaissances ou par des hommes rencontrés sur les réseaux sociaux. À travers une perspective féministe, cet exposé examinera comment les subjectivités queer précaires sont produites par des inégalités structurelles (Dorlin, 2007 ; Rebucini, 2017) et comment la performance de l’orientation sexuelle selon le genre change en fonction du lieu géographique et impacte sur les chances de survie dans un contexte d’extrême précarité.