Pour une écologie temporelle de la présence numérique
M. Jean-Claude DOMENGET Université Bourgogne Franche-Comté - Laboratoire ELLIADD | MONTBÉLIARD - France
Résumé : La prise en compte des multiples dimensions de la présence numérique (visuelle, traquée, marchandée, (re)documentaire, algorithmique, fractale, écosystémique, etc.) analysées par Merzeau (2009, 2016) conduit à dépasser une simple approche en terme d’identités pour s’intéresser à l’environnement numérique dans son ensemble, milieu d’élargissement des temporalités sociales. Si cet environnement a pu être analysé comme ouvert, caractérisé par une dynamique des usages (plasticité, instabilité, fragilité), une modification des groupes d’appartenance, de la communauté et du réseau à la foule et à l’écume (Rieder, 2010), marqueurs d’une (des)structuration des temporalités en jeu, la prescription généralisée et les recommandations répétitives, sont elles le signe d’un assujettissement de l’individu (Heller, 2009). En effet, le cadre temporel de la présence numérique n’a cessé de se rigidifier, au fur et à mesure des développements technologiques et de la banalisation de l’injonction à animer cette présence. Il s’agit alors de s’interroger : si l’animation d’une présence numérique à visée d’audience conduit à une (re) structuration des temporalités sociales en jeu, quels sont les principes éthiques à suivre afin de ne pas se faire assujettir par cette activité ? Dans la visée de proposer une écologie temporelle (Grossin, 1996) de la présence numérique, les angles de lecture de la professionnalisation et de la porosité de la frontière pro-am semblent particulièrement efficients.