Les salariés et les syndicats en France : retour sur les ressorts d'une défiance relative
M. Tristan HAUTE Université de Picardie Jules Verne - CURAPP-ESS | AMIENS - France
Résumé : Alors que nombre d'enquêtes d'opinion, en France ou ailleurs, se sont intéressées aux fluctuations des représentations qu'ont les salariés des syndicats, afin d'attester d'une défiance des premiers envers les seconds, rares sont les travaux consacrés aux ressorts de telles « opinions », souvent plus difficiles à saisir, plus fluctuantes selon les enquêtes et moins exploitables (Rouban, 2018 ; Amossé, Jacod, 2008 ; Pernot, Pignoni, 2008 ; Bryson, McKay, 1997). À partir des données des vagues 2011 et 2017 de l'enquête REPONSE (Relations professionnelles et négociations d'entreprise), cette communication propose de mettre à l'épreuve des discours parfois normatifs sur la « crise du syndicalisme » en dégageant les ressorts des opinions qu'ont les salariés à l'égard du syndicalisme. Nous montrons tout d'abord que ces opinions, dans le secteur privé en France, sont plutôt positives. Il apparaît toutefois qu'une partie croissante des salariés n'affichent aucune opinion, en particulier les plus précaires et les moins confrontés aux syndicats. Enfin, même si le caractère plus ou moins positif ou négatif des opinions émises semble moins lié aux caractéristiques socioprofessionnelles des salariés que l'existence de telles opinions, on note que c'est parmi les couches supérieures du salariat que la « défiance » à l'égard des syndicats est la plus grande alors que la confrontation aux syndicats produit des opinions plus positives.