Quand « l’intérêt de l’enfant » disparaît face à des intérêts multiples
Mme Vanessa STETTINGER Université de Lille - CeRIES | LILLE - France
Résumé : Que cela soit dû aux mutations structurelles de notre société ou à des formes de « démocratisation des familles », l’enfant de la famille contemporaine doit être protégé de toutes les incertitudes qui l’entourent, qu’elles soient liées à de nouvelles configurations familiales vues comme plus « précaires » ou aux libertés et désirs des parents vus comme plus individuels. Pourquoi l’enfant doit être protégé ? Plusieurs raisons se croisent et viennent l’expliquer, mais cela montre avant tout le rôle central qu’il a acquis aujourd’hui (Zelizer, 1985 ; Diasio, 2009). Une littérature abondante rend compte de cet enfant désiré (Leridon, 1995), objet de toutes les attentions (Le Gall et Bettahar, 2001) et du rôle central qu’il occupe dans la production de la famille et de la société (Théry, 1993 ; Déchaux, 2009 ; Neyrand, 2011 ; Martin, 2018). C’est dans ce contexte social que la notion « d’intérêt de l’enfant » connait un succès important (Neyrand, 2010). Notre communication vise à interroger cette notion et à montrer, à partir d’exemples concrets issus d’une recherche ethnographique sur la construction des liens familiaux dans le champ de la protection de l’enfance, comment son usage recouvre finalement des intérêts divers, surtout institutionnels et politiques.