« Real men eat meat ». Genre et végétar(l)isme dans le processus de moralisation des relations anthropozoologiques
M. Kostia LENNES
Université Libre de Bruxelles / Université de Paris - LAMC / ICT | PARIS - France
(avec : Lucie NAYAK)
Résumé : Ces dernières années, l’association PETA a diffusé plusieurs publicités vantant les qualités d’un régime sans viande pour de meilleures performances sexuelles et sportives chez les hommes. Ces messages promeuvent un comportement alimentaire jugé féminin tout en faisant l’éloge des attributs de la masculinité hégémonique (Connell, 1995). Pourtant, si Carol J. Adams a été l’une des premières à théoriser l’oppression des femmes et des animaux ensemble (1990), les sciences sociales sont restées relativement muettes face aux dynamiques de genre dans les processus de moralisation des relations humains-animaux. Notre enquête sociologique est fondée sur l’hypothèse selon laquelle l’expérience du végétar(l)isme varie selon le genre. Elle est conduite par entretiens auprès de femmes et d’hommes se définissant comme végétar(l)ien.ne.s ou véganes et par ethnographie menée sur Internet (Hine, 2015), sur des groupes Facebook consacrés au véganisme. Cette communication examinera ces expériences genrées en les situant dans le processus de moralisation en question. Elle analysera les effets du genre sur la pratique du végétar(l)isme ainsi que les arguments moraux et les registres émotionnels (Traïni, 2019) mobilisés pour le promouvoir. Elle montrera aussi comment la pratique du végétar(l)isme suppose un (re)positionnement dans les manières de « performer » le genre (Butler, 1999) : quelles stratégies alimentaires et discursives pour se conformer aux normes de genre ou pour s’y opposer ?