Pratiquer l’homéopathie en médecine vétérinaire : au-delà d’une thérapeutique, une revendication aux enjeux moraux
Mme Lorène PIQUEREZ Université de Fribourg | FRIBOURG - Suisse
Résumé : Les professionnels de santé sont confrontés depuis plusieurs décennies à de nombreux scandales sanitaires dont l’antibiorésistance. Cette résistance aux antibiotiques génère des actions collectives de la part des groupes professionnels concernés via des plans nationaux, des guides thérapeutiques et d’une surveillance accrue des usages. De plus, elle a été fortement publicisée dans le domaine de la santé humaine tandis que ce phénomène en santé animale, moins connu et moins étudié, soulève des enjeux sociologiques pourtant cruciaux. De fait, certains vétérinaires alternatifs font de l’antibiorésistance un nouveau « cadrage » pour amorcer une lutte contre l’usage des antibiotiques et des antiinflammatoires au cœur des pratiques vétérinaires dominantes. Ainsi, ma contribution basée sur mon doctorat en cours sur les vétérinaires homéopathes suisses et français et qui s’inscrit dans le domaine de la sociologie des groupes professionnels vise à montrer comment ces vétérinaires, de par l’intégration de la pratique homéopathique dans leur panel thérapeutique, peuvent être perçus comme des « entrepreneurs de cause » véhiculant des dimensions morales et éthiques. En effet, ils préconisent de porter un autre regard sur l’alimentation, l’hygiène, la détention des animaux d’élevage et ainsi de repenser l’ensemble du système actuel de soins pour s’inscrire dans une démarche plus globale. Néanmoins, leurs revendications se heurtent aux représentants ayant le monopole de la profession.