Agir contre le harcèlement sexuel à l'université. Devoirs moraux ou postures féministes ?
Mme Julie JARTY
Université Toulouse Jean Jaurès - Certop CNRS | TOULOUSE - France
(avec : Farah DERUELLE)
Résumé : A l’heure d’une reconfiguration des rapports sociaux de sexe à l’université induite par le phénomène MeToo, cette communication propose d’explorer la lutte contre le harcèlement sexuel se déployant « sous le radar » (Banaszak, 2010) de l’institution. Pour ce faire, nous nous appuyons sur une recherche qualitative de master, mobilisant une trentaine d’entretiens recueillis auprès d’actrices féministes positionnées au cœur de l’université. Alors que l’égalité des sexes devient un impératif moral sur le marché du travail (Le Feuvre, 2018), l’université et son régime de genre coercitif peinent à se transformer. Pour autant, la vivacité et la force des réseaux féministes permettent la multiplication d’affaires médiatisées provoquant indignation et émoi et participant à briser l’omerta. Les féministes universitaires se retrouvent tiraillées entre règles du jeu institutionnel et volontés militantes. En interrogeant la marge de manœuvre qui échoit alors à ces actrices, cette tension révèle des paradoxes propres à l’académie, mais également aux formes que revêtissent les capacités d’agir féministes. En conséquence, des stratégies différenciées se donnent à voir en fonction des allégeances des actrices. Néanmoins, le partage d’un éthos féministe ainsi que la prégnance des backlashs auxquelles elles font face permettent à des alliances de se former. Cette cartographie préliminaire dévoile alors les caractéristiques d’un espace universitaire de la cause des femmes (Bereni, 2012).