Colonialité, rythmanalyse et stigmatisation territoriale dans Paris-Nord : Pour une sociologie de l’affect et de la corporalité des personnes vivant sous surveillance pénale et policière
M. Khalil HABRIH Université d'Ottawa - École d'études sociologiques et anthropologiques | OTTAWA - Canada
Résumé : Comment les dispositifs de surveillance policière et pénale s’inscrivent-ils dans les mémoires et consciences collectives des populations qui en font l’objet ? Comment l’historicité coloniale de ces dispositifs se manifeste-t-elle dans l’archive, dans l’espace, dans les subjectivations ? Partant d’un travail de thèse en cours (université d’Ottawa : terrain à Aulnay-sous-Bois) et d’un ouvrage en cours de révision (avec Robert Desjarlais, UC Press : terrain à la Goutte d’Or), cette communication a pour objectif de présenter des instruments facilitant l’analyse des continuités et discontinuités spatiales et subjectives produites par la colonisation/émigration (Gordon 2008, Lazali 2018, Mansouri 2013) et par l’expansion de géographies carcérales et leur outillage pratique localisé de contrôle des corps (voir entres autres Fassin 2011, Foucault 1997, Gilmore 2007, Shabazz 2015, Villanueva 2018). En partant d’une méthodologie liant l’ethnographie urbaine à l’analyse d’un corpus d’archives légales et administratives, on abordera (1) les concepts de trace (Derrida 1995, Desjarlais et Habrih en révision), de spatialité et de mémoire collective (Halbwachs 1950, Sabourin et Parent 2016), puis (2) on se penchera sur les concepts de stigmatisation territoriale (Wacquant, Slater et Pereira 2014) et de déracinement (Bourdieu et Sayad 1964, Henni 2019), et leurs liens avec la politique de la ville contemporaine en France. A terme, on conclura sur une conceptualisation spatiale et pratique de la race.