Nous et les autres : schèmes et marques identitaires d’un populisme naissant en Tunisie
Mme Fethia SAIDI Université de Tunis El Manar - Institut Supérieur des Sciences Humaines | TUNIS - Tunisie
Résumé : Après la révolution de 2011 en Tunisie et durant les dernières années un clivage identitaire a ravagé la scène politique tunisienne. Un NOUS arbitraire s’est développé et s’est cristallisé autour d’un certain nombre de normes, vocabulaires et énoncés excluant le différent et freinant le vivre en commun. Ce Nous désigne un processus d’influence sociale par lequel une personne est amené à aligner ses propres perceptions, croyances sur celles d’un ensemble d’autres personnes. Il s’agit d’un populisme rétrograde en conflit. La participation politique a connu une tournure, durant et après les élections présidentielles de 2019. Un rejet quasi-total des élites, des outsiders en vogue, des propos virulents stigmatisant toute la classe politique, quel que soit sa position et son positionnement sur la scène. La droite et la gauche ont été taxées de nullards, de représentants de l'establishment. Ils sont tous à sanctionner, à ridiculiser et à faire taire. Les questions qui se posent sont : La Révolution ne pourrait-elle pas être vécue comme un moment populiste ? Comment peut-on qualifier cette tendance qui se base sur la critique des élites et système politique en place ? Quels sont les schèmes et les marques identitaires chartérisant les discours entre le NOUS et les EUX ? Y-a-t-il de nouvelles normes et actions politiques contribuant à un nouveau changement ?Le vote massif et plébiscitaire exprime-t-il une naissance d’un courant populiste qui peut freiner la transition démocratique?