Conjonctures vitales et « devenir respectable » des femmes infertiles
Mme Gishleine OUKOUOMI DJOUONANG Université d'Ottawa - École d'études en sociologie et anthropologie | OTTAWA - Canada
Résumé : « Normalement, à un certain âge, la femme doit se marier et faire les enfants. Mais si le mariage ne vient pas, tu dois quand même faire ce serait-ce qu’un. Si non, soit même ministre, personne ne va te respecter ». Selon Cournet (citée par Journet, 1981), l'enfant est ce qui permet à la mère de concrétiser l’union avec son mari, de prendre place dans sa maison, c’est la justification du paiement de la dot et donc, du mariage. Il procure à la femme un statut social et politique qui prend appui sur la maternité pour inspirer de la respectabilité. Dans ce sens, l’infertilité est une situation qui vient questionner le futur, compromettre la manière on devient une femme respectable. Être infertile dans un contexte de forte natalité et de forte valorisation de la maternité biologique conduit alors à mettre en place des stratégies visant à contourner la norme, a challenger l’injonction de maternité et sa place dans le devenir femme respectable. Cette communication s’intéresse au potentiel de la théorie des conjonctures vitales (Johnson-Hanks, 2017) en tant qu’approche théorique et méthodologique pour investiguer les relations en individu et structure à travers l’injonction de maternité biologique et les stratégies, l’ingéniosité sociale des femmes infertiles dans la conquête d’une certaine respectabilité.