Féminismes et infertilité en Afrique : une approche intersectionnelle
Mme Gishleine OUKOUOMI DJOUONANG Université d'Ottawa - École d'études en sociologie et anthropologie | OTTAWA - Canada
Résumé : La recherche en sciences sociales dans les pays en développement a eu tendance à mettre l’emphase sur les questions relatives à la surnatalité, à la planification familiale et à l'accouchement, à la contraception. Ceci notamment parce que l’augmentation de la population et la reproduction des personnes racisées est très souvent conçue comme problématique (Vergès, 2017). En revanche, très peu d'attention a été dirigée vers le problème de l'échec de la reproduction (Diop, 2009). La question de l’infertilité se pose avec une double acuité au féminisme. Comment arriver à considérer la souffrance de femmes infertiles sans légitimer l’institution matrimoniale et l’injonction de maternité dans ce qu’elles ont d’oppressant pour les femmes? De plus, le bagage normatif qui nourrit le féminisme et les approches genre/développement en Afrique contribue à une invisibilisation et une marginalisation des femmes infertiles des initiatives féministes de lutte pour les droits (reproductifs) des femmes. Cette communication est une réflexion en cours, dont le but est de montrer que l’adoption d’une approche intersectionnelle et la déconstruction du bagage normatif et idéologique de l’exercice du féminisme et de l’approche genre en Afrique permettrait non seulement d’enrichir la réflexion sur l’expérience de l’infertilité par les femmes africaines, mais aussi de mettre en lumière des pistes de recherche sur les inégalités entre les femmes et la constitution du ou des mouvements féminismes en Afrique.