Le sang féminin et ses revendications : les nouvelles pratiques menstruelles individuelles et collectives des jeunes femmes françaises
Mme Alexandra MERIENNE Université de Franche-Comté - LASA | BESANÇON - France
Résumé : Le corps féminin et particulièrement le sang des femmes a été étudié par la socio-anthropologie dans leur dimension sociale, symbolique et matérielle. Le sang des règles légitime depuis longtemps l’infériorisation des femmes qui s’inscrivent dans la reproduction hétérosexuelle des corps soumis au patriarcat. Cependant, on sait peu de choses sur les nouvelles pratiques menstruelles individuelles ou collectives des jeunes femmes européennes qui s’inscrivent dans les revendications de l’écoféminisme et de l’activisme menstruel. Les données recueillies, dans le cadre d’un master et d’une recherche doctorale débutée en 2019, comprennent un questionnaire en ligne avec 300 répondantes, des observations participantes et des entretiens semi-directifs dans deux associations féministes.À partir de la question des nouvelles pratiques menstruelles des jeunes femmes françaises, je souhaite renseigner les codes et comportements partagés par les enquêtées en questionnant leur caractère subversif : par exemple, certaines jeunes femmes revendiquent de ne pas utiliser des protections hygiéniques et de laisser couler leur sang ou bien elles utilisent des pratiques alternatives, et créent des groupes pour parler de leur corps. On interrogera en quoi cela correspond à une revendication d’affirmation féministe et comment ces nouvelles pratiques interrogent la dimension d’opposition à la moralisation du corps féminin, qui consiste à cacher le le sang et les menstrues.