L’individualisation du problème de la pollution atmosphérique : du processus d’institutionnalisation de la normativité aux résistances assumées
Mme Séverine FRÈRE Université du Littoral Côte d'Opale - Laboratoire TVES | DUNKERQUE - France
Résumé : Depuis une vingtaine d’années le traitement du problème de la pollution atmosphérique repose en France largement sur les comportements individuels. Cette individualisation du problème consiste pour les pouvoirs publics à responsabiliser le citoyen afin qu’il adopte les « bons » gestes permettant de préserver la qualité de l’air. La dimension morale sanctionnant symboliquement les pratiques qui constituent une menace pesant sur l’environnement n’est pas absente de cette approche dans laquelle l’injonction à la responsabilité est présentée comme un modèle de société indiscutable. Pour autant le déploiement institutionnel d’une rhétorique de la responsabilité individuelle qui désencastre les choix et actions individuels des contraintes structurelles et du relief social dans lesquels ils sont pris, ne produit pas les effets performatifs désirés. Il occulte aussi les tensions et contradictions auxquels sont soumis les individus dans ce champ. Une analyse diachronique des résultats de plusieurs enquêtes qualitatives et quantitatives menées auprès d’habitants et d’institutions des Hauts-de-France ainsi que l’étude des documents d’information questionnent le processus d’institutionnalisation de cette normativité dans le champ de la qualité de l’air fondée sur la causalité du problème public (Gusfield, 1981) et illustrent les limites du processus de conversion normative des individus ainsi que les formes de résistances ou d’indifférence assumées des citoyens aux normativités.