Rouler moins pour protéger l’air : de la normativité des discours institutionnels sur la mobilité aux résistances citoyennes assumées
Mme Séverine FRÈRE Université du Littoral Côte d'Opale - Laboratoire TVES | DUNKERQUE - France
Résumé : Dans la politique de lutte contre la pollution atmosphérique, l’accent est mis depuis quelques décennies sur la responsabilisation des citoyens appelés à adopter les « bons » gestes pour réduire les émissions de polluants. En particulier les discours publics scandent la nécessité de diminuer l’automobilité au profit de modes alternatifs plus vertueux sur le plan environnemental. La communication s’appuiera sur différentes enquêtes qualitatives et quantitatives réalisées auprès d’habitants et institutions des Hauts-de-France. Les résultats illustrent la vision normative et moralisatrice des messages institutionnels à l’endroit des automobilistes qui occultent souvent les disparités organisationnelles et fonctionnelles des territoires et les inégalités d’offre de mobilité. Ils alimentent ainsi un discours construit sur l’irresponsabilité citoyenne comme principale causalité du problème public de la pollution de l’air (Gusfield, 1981). Les résultats d’enquête permettent aussi de montrer les réactions citoyennes à cette normativité qui prennent parfois la forme d’indifférence ou de résistances assumées. Elles pointent l’inéquité des situations face à la liberté de mouvements des individus. Elles traduisent aussi une demande d’exemplarité de la part des institutions considérées comme incapables de prendre leur propre responsabilité et un effort collectif et partagé dans la résolution des problèmes de la mobilité et de la pollution.