AISLF Tunis 2021

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Communication #874 présentée dans le GTE01 - Le paradigme décolonial dans les sciences sociales de langue française

La criminologie postcoloniale

M. Nabi Youla DOUMBIA
Université Félix Houphouet-Boigny - UFR de criminologie | ABIDJAN - Côte d'Ivoire

Résumé : À l’instar de la sociologie, la criminologie a été influencée par le courant constructiviste qui s’est emparé des sciences sociales à partir des années 1960 (Foucault, Derrida, Saïd, Mudimbé, etc.). La déconstruction des grandes théories a prétention universelle a eu pour corolaire d’une part l’expansion des « area studies » et de l’autre la production de théories à courte et moyenne portée. Deux tendances fondamentales se disputent depuis lors le terrain, l’une revendiquant une épistémologie particulière aux pays de la périphérie et l’autre une approche corrective des biais de l’européocentrisme. Ces deux tendances sont présentes en criminologie. Pour Biko Agozino, figure de proue de la tendance radicale, il ne faut rien de moins qu’une objectivité engagée. Le rôle du criminologue étant selon lui d’analyser et de changer la structure postcoloniale de la société. Pour les seconds, plus nombreux, dont l’École d’Abidjan incarne la tradition, la criminologie ivoirienne ou africaine doit couler dans le moule des grandes théories classiques. Entre ces deux tendances, j’ai montré dans mon étude sur Le maintien de l’ordre en Côte d’Ivoire (L’harmattan, 2017), qu’on pouvait restituer l’historicité propre des terrains du Sud avec des méthodes la socio anthropologie (la théorisation ancrée). Ma communication a pour but de présenter cette étude. J’indiquerai et discuterai par la suite la place qu’elle occupe dans (ou hors de) la « bibliothèque coloniale ».