L’organisation morale de la mobilité spatiale : propositions pour un cadre d’analyse renouvelé des socialisations aux pratiques sociales de déplacement quotidien
M. Joseph CACCIARI
Université Paris Nanterre - Laboratoire ville mobilité transport (UPEM-ENPC-IFSTTAR) ; Laboratoire | NANTERRE - France
(avec : Leslie BELTON-CHEVALLIER)
Résumé : Contrainte ou choix ? Action rationnelle ou effet des habitudes et normes sociales ? Les pratiques sociales de mobilité spatiale sont souvent examinées au prisme de ces couples d’opposition. S’ils s’avérer suffisants pour analyser la plupart des situations de mobilité spatiale, ces couples de notions peuvent aussi faire perdre de vue la complexité interne de ce que recouvre la « mobilité » pour tout un chacun notamment dans ses rapports avec le soi et les rapports sociaux, de classes, de genre, de race. Ils semblent aussi constituer un obstacle à la description dense des socialisations en la matière, comme l’a suggéré Joachim Scheiner en 2017 dans un état de la littérature sur cette question. L’objectif de cette présentation est de suggérer des pistes pour réaliser un pas de côté qui, s’il n’est pas révolutionnaire, pourrait participer au réexamen de ces couples de notions et ds obstacles épistémologiques qu’ils peuvent opposer au chercheur. Pour cela l’exposé tirera parti des acquis d’autres domaines de la sociologie et notamment des réflexions déjà anciennes d’Everett Hughes concernant l’organisation morale des activités de travail, avec pour objectif d’évaluer les possibles effets de connaissance de leur transposition aux recherches portant sur la socialisation aux pratiques sociales de mobilité spatiale. L’argumentation s’appuiera sur une enquête par entretiens biographiques (N=51) menée entre 2018 et 2019 dans les agglomérations de Bordeaux, Dijon, Lyon et Paris.